Les chances de paix s’amenuisent au Sud-Soudan

La lutte ethnique entre les Dinka, de Salva Kiir, et les Nuer, de Riek Machar, serait en fait à l’origine des violences, à moins d’un an de la présidentielle qui devrait marquer la fin de la période de transition

7f84ef0ad80d4fcde94dc5bd73528925Les violences ont repris depuis hier matin au Soudan du Sud, ont rapporté les agences de presse, citant des sources locales. Les rebelles seraient à l’origine de la reprise des combats dans le nord du pays, ont ajouté les mêmes sources.

Des hommes armés, proches de l’ancien vice-président Riek Machar, sont en route vers la ville de Malakal, considérée comme le cœur de l’Etat pétrolifère du Haut-Nil, dans le nord-est du pays où les violences n’ont jamais cessé depuis la proclamation officielle de l’indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011. «Les combats sont très intenses. Il y a des combats en périphérie de la ville. C’est une très grande attaque, coordonnée», a indiqué une source locale à l’AFP. Les rebelles ont ainsi violé l’accord du cessez-le-feu du 23 janvier, censé ouvrir une issue pour faire revenir la paix dans ce jeune pays. Mais, cette fois-ci, la rupture semble être inévitablement consommée entre le gouvernement du président Silva Kiir et les habitants de cette région du pays qui réclame sa part du gâteau au sein du pouvoir à Juba. Malakal est tombée entre les mains des forces gouvernementales quelques jours seulement après le début des violences fin 2013, suite à l’accusation émise par Silva Kiir contre son ancien vice-président, soupçonné de préparer un putsch.

Un porte-parole des Forces armées sud-soudanaises, le colonel Philip Aguer, a admis que l’offensive des rebelles n’étonnait guère, les chefs rebelles ayant déjà affirmé qu’ils ne respecteraient pas le cessez-le-feu, a rapporté Associated Press. Mais chaque camp accuse l’autre de violer l’accord de cessez-le-feu, alors que des négociations sont menées à Addis-Abeba, en Ethiopie, sous l’égide de l’Union africaine, qui tente de raisonner les deux parties en conflit pour éviter une nouvelle guerre civile dans ce pays, né de sa sécession du Soudan après deux décennies d’une guerre qui a fait plusieurs milliers de morts et des millions de déplacés.

Les combats, qui ont déjà fait des milliers de morts et quelque 900 000 déplacés, avaient commencé dans la capitale Juba avant de s’étendre au reste du pays, en particulier aux Etats du Haut-Nil, du Jonglei (est) et d’Unité (nord). Plusieurs groupuscules armés ont rejoint le camp de l’ancien rival de Silva Kiir.

Des exactions et des massacres de masses sont commis dans plusieurs villages isolés et des charniers ont été découverts dans plusieurs endroits du pays par les Casques bleus de l’ONU et les membres des ONG qui avertissent contre la dégradation de la situation humanitaire sur place. Les violences armées empêchent aussi ces mêmes humanitaires d’acheminer l’aide médicale et alimentaire dans les camps de réfugiés, qui n’arrivent plus à subvenir aux besoins d’une population de déplacés dont le nombre ne cesse d’augmenter de jours en jour. Par ailleurs, des rapports de l’ONU accusent les deux parties en conflit de commettre des massacres à caractère ethnique. La lutte ethnique entre les Dinka, de Salva Kiir, et les Nuer, de Riek Machar, serait en fait à l’origine des violences, à moins d’un an de la présidentielle qui devrait marquer la fin de la période de transition.

 

Source: La Tribune

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